-Après la lune et avant le soleil (l’indéterminé
une poétique du geste) est
une installation composée de
nacelles légères suspendues et reliées entre elles par des câblages. Les matériaux
utilisés sont
choisis en fonction de mes déplacements et relève d’une forme de
cueillette. Ils sont liés à un lieu, une rivière, une lumière. La
fluidité des matériaux fait surgir des gestes de la mémoire. Certains gestes du tissage et du nouage sont semblables à
des réminiscences.
Il arrivera que le dispositif soit comme entreposé et ses éléments
accumulés. Je me réjouis d’éventuelles
superpositions et des interférences qui viendraient troubler la lisibilité des
formes.
Ces peintures ont été réalisé
entre 2001 et 2004 , 9 sont présentées à la Tôlerie
300cm X 200cm
Je
module additionne superpose
des gestes Les empreintes révèlent des ondes des méandres
des espacements Les
draps sont devenus des espaces - infini/ grands
Mon regard se dilate sur
une texture saturée - infini/minuscule
Me voilà enfin dépossédée de la forme
« Si ton regard était plus sensible tu verrais toute
chose se mouvoir »
Comme transparente la matière
(Pourquoi ceci plutôt
qu’autre chose ?)
Est une proposition vidéo réalisée
à partir de négatifs d’archives personnelles de tables d’atelier. Ces négatifs
sont superposés et passent en fondu enchaînés sur des temps très courts.
Ces « zones » surchargées sont intercalées avec des zones
monochromes.
Réalisation :
Sofi Hemon
Son : Reste de vague-août 2005 -
Ollivier Coupille
Montage : Pierre Hemon
Mars 2006
ROBERT DICKSON
Robert Dickson est l'auteur de six recueils de poésie dont humains paysages
en temps de paix relative, Prix littéraire du Gouverneur général du
Canada, catégorie poésie, en 2002. Libertés provisoires paraît en
2005. Il a établi la traduction française de Frog Moon (Kaki) de
la romancière Lola Lemire Tostevin et de Kiss of the Fur Queen (Champion
et Ooneemeetoo) de Tomson Highway, grand auteur amérindien du Canada. Ses
traductions anglaises de trois pièces du dramaturge Jean Marc Dalpé ont tenu
l’affiche à Toronto, Ottawa, Montréal, Vancouver et au Festival Stratford en
Ontario. À partir des années 1970, il participe à des films, signe des
paroles de chansons, notamment avec le groupe CANO et fait des performances poésie-musique
dans le cadre de la Cuisine de la poésie. Il est invité à de nombreux Salons
du livre et à des Festivals littéraires au Canada et à l'étranger. Associé
aux Éditions Prise de parole depuis plus de trente ans, Dickson a longtemps présidé
son Conseil d'administration et est toujours membre de son Comité d'édition
littéraire. Dickson est Professeur émérite à l’Université Laurentienne,
(Sudbury, Ontario).
Humains paysages en temps de paix relative (maquette et œuvre
couverture, avec trois œuvres couleur de Sofi Hémon), Sudbury, les Éditions
Prise de parole, 2002.
Libertés provisoires, (œuvre couverture de Sofi Hemon), Sudbury, les Éditions
Prise de parole, 2005.
Texte de Robert Dickson :
Oser l'osier
Lorsque Sofi Hemon m'invite à
collaborer à un projet où cohabiteraient images et texte, elle évoque «un écrit
de 50 mots à 50 pages». De quoi
faire rêver, ou alors halluciner, devant les possibilités vastes comme la
toundra. Seule consigne : un texte
libre qui ne tenterait en rien d'«expliquer» les images qui
l'accompagneraient. Dans mon esprit
je reviens, comme inéluctablement, à cette journée de février 2005 où Sofi
et moi, en compagnie de deux êtres chers, sommes allés à la recherche de
l'osier. Je me rends compte que ce
moment m'avait profondément marqué. Me
revient en mémoire la rivière de mon enfance, les heures passées à patiner
et à jouer au hockey l'hiver, à taquiner la truite mouchetée dès l'ouverture
de la saison de la pêche au printemps, voire même à l'occasion quelques jours
à l'avance, ainsi qu'à passer de grandes heures à nager et à jouer dans
l'eau l'été. Espèce amphibie. Si le cœur est un muscle involontaire, la mémoire est
un terreau riche, capable d'accueillir et de nourrir ce qui y est planté.
Et qui se transforme en croissant. Je
m'offre aussi quelques lectures sur la vannerie, riches de renseignements et de
langage spécialisé, voire de proverbes et de dictons.
Alors, peu à peu, des mots se retrouvent sur le papier, un texte se
trame, inspiré par ce qui fut à l'origine une réelle activité physique :
l'osier ne se cueille pas comme des violettes, disons.
Mais également une activité psychique et émotive : l'étrangeté et le
merveilleux pour moi, Canadien, point étranger aux étendues d'eau douce, de me
retrouver dans le lit d'une rivière, à plus forte raison en hiver.
Au fil de l'écriture du texte, je
commence à entendre, bien à mon insu, des échos du grand poème «Arbres» du
Québécois Paul-Marie Lapointe, avec ses nombreuses
énumérations et allusions aux rythmes changeants.
Et puisqu'il s'agit de donner forme à cette création/recréation, je
cherche surtout un rythme qui puisse correspondre un tant soit peu aux
mouvements conjugués du courant de la rivière, du va-et-vient de l'osier au
vent, de notre joyeux quatuor qui faisait sa récolte hivernale.
Je finis par privilégier un texte où le déroulement des mots n'est pas
brisé, visuellement, par des marques de ponctuation (sauf exception).
Tentative de fluidité pour accueillir comme dans un seul courant de
mots-mis-en-poésie la mémoire, la matière et la manière des forces,
naturelles ou humaines, qui travaillent et qui créent.
Donner un sens autre à l'expérience brute. Transformer, reformer.
Un projet marqué au sceau de ce que j'appellerais une joyeuse exigence.
Robert Dickson
Aix-en-Provence
mars 2006